Thor, l’archétype masculiniste
Le dieu Thor, dans la mythologie germano-scandinave, possède des qualités et attributs pour le moins virils. Incarnation de la force brutale, possesseur du marteau Mjölnir, symbole phallique*, grand combattant, son culte fut très répandu à l’époque des vikings. On comprend que ses exploits furent des modèles de bravoure pour les aventuriers du nord.
Dans le texte ancien Harbardsljod (ou chant de Harbard) il est narré un épisode fameux :
« À Hlesey j’ai combattu les femmes berserkr
Qui avaient fait de leur mieux pour tuer tout un peuple…
Elles étaient plutôt des louves que des femmes. »
Les berserkr ou littéralement les « peaux d’ours » sont une élite de guerriers liée au culte odinique. Ici, il est donc question de guerrières ayant les mêmes caractéristiques des guerriers ours masculins. L’auteur poursuit en précisant que leur totem est le loup plutôt que l’ours.
On comprend dans cet extrait que Thor a maté ces amazones. Le premier niveau de lecture traduit bien la force destructrice de notre héros et ses aptitudes au combat.
Mais nous savons que les images choisies par les auteurs de cette époque regorgent de sens et d’idées derrière leurs premières apparences. Il en va ainsi des kenningar. Aussi, dans ce court récit, on peut y voir un second niveau de lecture. Le héros masculin met à mal les guerrières louves ; il réduit le pouvoir féminin et en devient le fossoyeur. Thor incarne alors l’archétype masculiniste qui a supplanté le culte matriarcal précédent.
*voir à ce sujet les articles Thor, le dieu des fermiers ?, Le marteau de Thor et sa fonction fertilisante, L’ambivalence de l’image de Thor, Le culte phallique