Archive pour mai, 2021

L’image de l’irréversibilité du temps dans l’Antiquité

Orphe

 

Dans la mythologie grecque, l’histoire étrange de l’amour d’Orphée et Eurydice est particulièrement lourde de sens.

Orphée est un grand musicien, supérieur à Apollon selon les Grecs. Le dieu des arts et de la médecine lui fait don d’une lyre. Orphée ajoute deux cordes aux sept présentes afin de parfaire son art musical ; il rend ainsi hommage aux neufs muses, les filles de Zeus, inspiratrices des artistes.

Il s’éprend de la plus belle des femmes Eurydice, une nymphe, qui, selon certains textes, aurait été la fille d’Apollon lui-même.

Malheureusement, la belle décède des morsures d’une vipère en fuyant les assauts d’un certain Aristée.

Orphée, inconsolable, entreprend alors un voyage aux enfers afin d’aller chercher son amour.

Grâce à son talent musical et sa lyre, il affronte tous les obstacles qui lui barrent la route en les charmant (au sens du « charme magique » évidemment).

Hadès, le dieu des enfers est lui-même impressionné par les prouesses du jeune héros et avec Perséphone, lui accorde audience.

Ce dernier concède à le laisser partir avec sa bien-aimée à une unique condition : qu’Eurydice suive les pas d’Orphée sans que celui-ci ne se retourne pour la regarder avant d’avoir pu sortir des enfers.

Le pacte est conclu.

Mais Orphée craque et finit par se retourner avant d’avoir pu s’échapper du monde souterrain d’Hadès. La sanction tombe et Eurydice est définitivement condamnée à rester dans le royaume des morts…

Les mythes ne sont pas très explicites sur les raisons qui ont fait se retourner Orphée. L’interprétation reste donc libre.

Ce qui semble le plus mystérieux est l’exigence imposée par les dieux : regarder en arrière est fatal…

Ne s’agit-il pas d’une leçon sur l’irréversibilité du temps ? Le passé doit rester au passé ; ce qui est derrière l’homme doit rester derrière l’homme ; on ne peut rattraper le passé et encore moins lui courir après. La condition humaine reste prisonnière de son passé ; en regardant devant, on finit par accepter son passé et construire son présent. Le devenir de l’homme est irrémédiable et les épreuves qu’il affronte au cours de sa vie ne pourront jamais le ramener en arrière.

À travers l’image magnifique de la bravoure du héros Orphée, on peut voir une acceptation de l’irrémédiabilité de l’existence humaine. En allant à l’encontre des lois naturelles du temps, il fait mourir une deuxième fois son amour. Ses efforts et sa quête ne peuvent renverser ces lois universelles qui régissent le monde. Renoncer à son sort est une expérience vaine.

Publié dans:Etudes, L'Antiquité |on 16 mai, 2021 |Pas de commentaires »

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