Apollon et ses attributs
Quand Apollon arrive au monde, il déclame des vers qui seront interprétés comme annonçant les oracles de Delphes :
« Qu’on me donne ma lyre et mon arc recourbé.
Je révélerai aussi dans mes oracles les desseins infaillibles de Zeus. »
Ainsi, le culte rendu au sanctuaire grec, où la Pythie (prophétesse) rapportait la voix du dieu en répondant aux interrogations du peuple, est annoncé par cette formule.
Georges Dumézil, l’inventeur de la mythologie comparative et de la révélation des archétypes mythologiques dans l’hypothèse indo-européenne, pense trouver dans ces vers deux des trois fonctions qui organisent les sociétés archaïques.
La lyre pourrait ainsi symboliser la communication entre les hommes et les dieux, la parole et le chant sacrés, la musique qui élève ou qui apporte la transe ; dans cette communication mystique, il s’agit de mettre en harmonie les deux mondes ; on la classe donc dans la fonction sacerdotale.
L’arc représenterait alors la fonction guerrière.
L’ambivalence d’Apollon est ainsi mise en lumière par ses deux attributs. Il est tantôt le dieu de la divination (et de la pureté pour les Orphistes) et tantôt le dieu qui apporte la terreur. Dans l’Iliade, il devient redoutable quand on le voit armé de son arc pour venger son prêtre, maltraité par les Grecs. Un poème de l’Hymne homérique parle de lui ainsi :
« Tous (les dieux) se lèvent de leur siège à son approche, lorsqu’il tend son arc illustre. »
L’image d’Apollon nous apparaît alors plus subtile dans cette duplicité. Il est le maître des purifications et et de l’harmonie dans le monde ; toutefois c’est à lui que les hommes attribuent les fléaux qui les frappent : maladie, mauvaise récolte, sécheresse,… et c’est à lui qu’ils ont recours pour en obtenir la fin. Dieu protecteur et ravageur, les métaphores de la lyre et de l’arc dessinent parfaitement les contours de sa fonction vitale dans le monde des hommes.