La parole qui embrase
Le poème runique dédié à la rune de l’homme (en tant qu’humanité) que l’on connait en Islande dit :
» Le flambeau s’allume à un autre flambeau,
La flamme nourrit la flamme,
L’homme reconnaît l’homme
Par la parole,
L’idiot ne sait pas se faire reconnaître. »
On peut imaginer que cette visa ait été déclamée sous forme de chant sachant que cette discipline accompagnait toujours les rituels magiques dans l’Europe pré-chrétienne ; et l’on sait que les runes représentaient historiquement une écriture sacrée. La métaphore centrale de la strophe fait de la parole un incendie. Ce kenning porte l’image du feu qui se propage d’un homme à un autre. La création de l’humanité (c’est le sens du nom de la rune « Mannaz » dont il est question) s’accompagne donc de la transmission de la parole pour les Norrois du Moyen-Âge.