L’art abstrait des Celtes
La numismatique gauloise révèle des scènes que l’on peut rapprocher de la mythologie celtique. Les pièces des clans Namnètes et Vénètes en Bretagne, (respectivement correspondantes étymologiquement aux chef-lieux de Nantes et Vannes) montrent une tête humaine bouclée entourée de cordons perlés la reliant à d’autres têtes plus petites.
Lorsque l’on connaît ce que l’historien grec Lucien rapporte, lors de sa venue en Gaule, à propos de son incompréhension de la représentation des divinités par les Celtes, on ne peut qu’être frappé par la ressemblance de sa description d’une scène toute particulière dans le sud de la Gaule avec les pièces bretonnes. Dans mon article La parole qui enchaîne les hommes, j’évoque cet épisode fameux où le Grec décrit le dieu gaulois Ogmios, qu’il prend pour Héraklès, en train de mener les hommes par des chaînes d’or reliées de sa langue à leurs oreilles, démontrant ainsi que l’éloquence et la persuasion sont supérieures à la force.
Le tableau que décrit Lucien est une schématisation d’un mythe. Il aurait été peint au II ème siècle de notre ère, c’est à dire en pleine romanisation de la Gaule. On sait qu’à cette époque, l’art surréaliste des Celtes notamment dans leurs représentations sculpturales avait fortement régressé pour tomber dans le figuratif latin plus banal.
Nous sommes sans doute en présence d‘un mythe archaïque répandu chez tous les peuples gaulois puisque présents dans le nord-ouest de la gaule avant la conquête romaine et dans le sud après celle-ci. Il est évident de l’envisager à une échelle plus large puisque la Celtie s’est répandue à travers toute l’Europe.
Il est particulièrement heureux de mettre en lumière de telles analogies, dévoilant un peu plus la culture des peuples païens et toutes les images poétiques qu’ils ont façonnées pour exprimer des principes conceptuels et abstraits.