De la chevalerie
Dans la Saga de Gisli Sursson, on trouve un épisode héroïque du personnage principal. Ce genre de moment est assez récurrent dans les Sagas islandaises et représente sans doute un passage obligé.
On peut y voir évidemment la transmission de l’esprit chevaleresque et honorable du guerrier nordique dans les sociétés pré-chrétiennes ; mais aussi une narration de l’auteur qui rapporte les événements de ces illustres ancêtres pour les magnifier et leur rendre hommage.
Ainsi, avant de rendre l’âme au combat, Gisli accomplit un acte de bravoure qui fait froid dans le dos. Voici ce que nous rapporte la saga :
« Ils le (Gisli) frappent de leurs lances tellement que ses entrailles lui sortent du corps, mais il rassemble ses entrailles dans sa chemise et sangle celle-ci par en-dessous avec la cordelière de sa coule. Alors Gisli dit qu’ils n’ont plus qu’à attendre un peu, « et vous aurez la conclusion que vous vouliez ». Alors il déclama cette visa :
La belle femme
Qui réjouit mon cœur
Entendra parler de l’attaque audacieuse
Qu’a subie son vaillant ami.
Je suis tombé
Inébranlable devant l’épée.
Mon père m’a légué
Telle endurance. »
La saga rapporte alors qu’il lance son ultime assaut et tue son attaquant en rendant l’esprit.
Cet épisode hautement héroïque marque le lecteur contemporain comme il a pu frapper l’auditoire lors de sa transmission orale dans les clans nordiques.
Au-delà de la portée poétique de la visa de Gisli, on perçoit les prémices de la chevalerie occidentale dans le rapport qu’entretient le héros avec sa femme. L’amour, qu’il lui témoigne jusque dans sa dernière pensée, démontre la force de l’honneur qui régissait les rapports dans la société païenne.

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