Kvasir, l’origine du serment
Dans un article que j’écrivais le 20 avril 2014 (Du mythe et de sa conservation verbale) à propos de la signification de la création de la boisson originelle du plus sage des hommes dans la mythologie norroise, Kvasir, j’évoquais l’importance du crachat dans la boisson.
Cet acte communiel entre deux clans est un acte fondateur.
Dans la guerre de fondation qui oppose les Ases aux Vanes, il est question de l’épisode où les deux peuples ennemis scellent un pacte de paix en crachant dans un récipient contenant des baies fermentées. De cette fermentation est né Kvasir qui incarnera alors la sagesse et la paix.
Il est fort intéressant de constater combien de nombreux peuples sous de hautes latitudes ont pratiqué ce rituel. En Sibérie quand Humboldt et Klaproth pénètrent chez un chef Tatar, on prépare le kvas en leur honneur ; pour cela, on demande à toute personne qui entre dans la tente de cracher dans une cruche de lait placée près de la porte. Il s’en suit une fermentation rapide et alors on l’offre aux hôtes.
Ainsi à travers un rituel ancestral et la fabrication d’une boisson issue de la fermentation, nous trouvons l’origine de mœurs vivantes de nos jours ; le fait de porter un toast et de trinquer et aussi de prêter serment en crachant ; « juré, craché » comme on le dit aujourd’hui.