Archive pour janvier, 2018

Dialogue d’ennemis

Dans la saga islandaise d’Egill Skallagrimsson, le héros fait le choix de se présenter à son pire ennemi le roi Eirikr. S’étant échoué sur les côtes anglaises où sévit Eirikr, il sait qu’il n’a d’autres choix que de se rendre à lui pour espérer sauver sa peau. Comptant sur la bravoure de cet acte il pense alors gagner son estime et racheter ainsi sa tête.

Quand il est présenté au roi par son fidèle bras droit Arinbjörn, Egill tente le tout pour le tout et déclame alors une visa pour motiver son acte :

« J’ai fait un long, difficile chemin

Par la voie des vagues sur l’étalon d’Ivi

Pour venir voir le gouvernant

De la terre anglaise ;

Voici que celui qui fait constamment trembler

L’éclat de la blessure s’est enhardi

A venir trouver lui-même

Le plus rude toron de la race d’Haraldr. »

Pour expliquer ce poème, il faut d’abord se pencher sur le nom Ivi ; il est mystérieux car n’apparaît en aucun autre lieu et doit être un roi de mer. Son étalon est le bateau qui est un kenning bien connu dans les Sagas Islandaises. La métaphore « l’éclat de la blessure » est l’épée. « Le plus rude toron de la race d’Haraldr » évoque la descendance du roi Haraldr c’est à dire Eirikr Blodöx (Erik à la hache sanglante).

Dans cet épisode lyrique qui constitue un préambule à une autre forme de poésie dont il est question plus loin dans la saga, la drapa ou poème de louange, on peut mesurer la déférence entre ennemis jurés. Les mots tels qu’ils nous sont rapportés démontrent le degré de raffinement des sociétés païennes de l’Europe du nord.

 

Publié dans:Etudes, Le Moyen-Age |on 13 janvier, 2018 |Pas de commentaires »

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