Archive pour mai, 2017

Les hauts-faits guerriers comme vertu

Dans la saga d’Egill Skallagrimsson, on trouve de nombreux passages héroïques. L’un d’eux est narré par le personnage principal, Egill. Il raconte ses prouesses guerrières à travers un chant où le jeu des kenningar souligne ses qualités de courage et de force.

« Tout seul je combattis contre huit

Et contre onze, deux fois,

Ainsi donnâmes cadavres au loup,

A moi seul je fus leur mort ;

Je découvris âprement par haine

Du couteau à trancher les écus ;

J’ai fait jeter l’épée

Sur le frêne d’Embla. »

Ce passage de bravoure presque obligé dans les sagas islandaises illustre la beauté et le raffinement de l’éloquence des grands guerriers du moyen-âge nordico-germanique.

« Le couteau à trancher les écus » est un kenning pour évoquer l’épée.

Pour expliquer le kenning du « frêne d’Embla », je pense qu’il faut revenir au mythe cosmogonique : les dieux germano-scandinaves créèrent le couple primordial d’humains à partir d’un frêne et d’un sarment de vigne voguant sur la mer. Ce couple sera nommé « Askr » pour le frêne et « Embla » pour la vigne. En conséquence, on peut supposer que « le frêne d’Embla » signifie l’homme, ici le guerrier.

Les hauts faits d’armes sont rapportés avec brillance et couleurs. Le jeu des métaphores illustre l’érudition des locuteurs. Les kenningar participent à réhabiliter la classe guerrière et à lui attribuer la noblesse de son rang.

Publié dans:Etudes, Le Moyen-Age |on 6 mai, 2017 |Pas de commentaires »

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