La montagne animée
L’idée d’un habitant au coeur de la montagne défiant le temps est récurrente dans les croyances païennes européennes.
On en trouve traces dans plusieurs récits, notamment dans les fameuses Sagas islandaises, mais aussi dans le Landnamabok (le livre de la colonisation de l’île par les vikings) ; elles apparaissent également en Germanie continentale avec les récits de Frédéric Barbe Rousse qui attend son heure dans la région de l’Untersberg, Frédéric II dans le Kyffhäuser, Widukind dans la montagne du bord de la Weser.
L’inhumation dans des tumulus de formes diverses en Europe depuis le néolithique est répandue. Chez les Germains et Norrois, cette pratique perdure au Moyen-Age. Le tumulus est un tertre funéraire dans lequel initialement une famille était inhumée. A la fin du paganisme, le tumulus semble avoir été essentiellement la tombe du chef ou du roi.
L’idée du mort dans le tumulus suggère celle des morts qui habitent à l’intérieur des montagnes. La croyance en une vie après la mort est effectivement un thème majeur des cultes archaïques. Ainsi il apparaît logiquement que l’enracinement d’un personnage illustre à une montagne est la mémoire de coutumes funéraires issues d’un paganisme qui a profondément marqué la mémoire collective.
Une image poétique nous est donc parvenue à partir d’un mode de vie et de croyances quasiment oubliés.