L’image du voyageur
« Gestr » est le nom de l’hôte ou de l’étranger que se donne le dieu Odin dans la Saga de Saint Olaf. On retrouve l’étymologie commune à l’anglais « guest ».
Gestr aime jouer au voyageur que l’on ne reconnait pas. Dans la Saga de Hervarar, Odin se fait appeler Gestumblindi, qui littérallement provient de « gestr-inn-blindi », c’est à dire l’hôte aveugle, en allusion à l’oeil unique qu’il possède.
Odin, le dieu de la transe et de la métempsychose, apparaît comme un homme cheminant, qui est de passage dans le monde des hommes. L’idée du dieu cheminant est importante en mythologie européenne. On la retrouve chez le Hercule irlandais Cùchulainn dont le premier nom initiatique est Sétanta en gaélique, c’est à dire le sentier.
Dans le Chant solennel antique des Havamal (les Dits du Très Haut) Odin exprime des principes de conduite. Il fait l’énumération d’une cinquantaine de préceptes liés au voyageur. Il s’agit de recommandations qui semblent parfois hermétiques et quelquefois très abordables, dont voici quelques extraits :
« La raison est nécessaire à celui qui voyage au loin ; son ami le plus sûr c’est beaucoup de raison. »
« Un hôte prudent ne parle guère en arrivant au gîte. Avec ses oreilles, il écoute. Avec ses yeux, il observe. Ainsi se conduit un sage. »
« Le meilleur fardeau dont tu puisses te charger en route c’est beaucoup de prudence ; elle est plus précieuse que l’or en pays inconnu et te prêtera secours dans le besoin. »
Ainsi l’image du voyageur prend la dimension d’un parcours initiatique. Peut-être sommes nous en présence de fragments d’une veille tradition sacerdotale pour les élèves postulants ?