De l’image de l’arbre et du guerrier
La bataille de Stiklarstadir s’est déroulée en Norvège en 1030. Elle opposait les forces du roi Olafr aux paysans propriétaires libres. Un poème fut écrit en la mémoire du roi qui perdit la vie lors du combat.Les Boendr qui représentaient la classe des gens libres n’admettaient pas la politique centralisatrice et autoritaire d’Olafr. Le texte retrouvé revient à dire que personne ne s’attendait à voir une armée non entraînée à défaire l’armée du roi.
« Les arbres du roc du combat ne savaient pas encore
Qu’il y avaient une telle force chez les paysans et les barons ;
Le peuple a provoqué la mort du prince
Quand les arbres du feu des blessures abattirent au combat,
Un roi tel que l’on estimait Olafr,
Maint valeureux guerriers gisaient dans le sang. »
Une fois de plus les arbres sont les guerriers. La souche, la bûche, la poutre, le bois sont autant de kennigar pour évoquer le combattant dans la poésie scaldique.
Il est remarquable de voir la survivance de cette image dans nos sociétés modernes. Ainsi le chêne représente en règle générale un grand homme. Ce fut le cas du Général de Gaulle.
Mais ces qualificatifs se retrouvent aussi dans le registre sportif, notamment au rugby, sport d’affrontement collectif. Ils désignent les personnes jouant dans le paquet d’avant, considérées comme les plus physiques de l’équipe.
L’image de l’arbre comme métaphore de l’homme combattant, meneur, retors, solide et fiable renvoie à une lointaine survivance des mentalités pré-chrétiennes où l’environnement naturel offrait des assimilations symboliques fortes.