Archive pour août, 2014

Le Mystère de Taliesin

entralc furie

Au VI ème  siècle, un barde gallois se distingue par ses écrits. Son nom est Taliesin ; chroniqueur historique de son temps, et rattaché à différentes cours royales, il nous a laissé plusieurs poèmes. Sa légende nous décrit l’archétype du poète gallois au début de la christianisation.  En cela il faut la considérer comme un témoignage de l’évolution du druide. En effet, son histoire nous parle de ses dons de voyance et de ses dispositions pour les prophéties. La traduction de son nom ne laisse pas de place au doute quant à sa fonction : « front brillant ». Il est fort probable que les récits qui lui sont attribués représentent une compilation de souvenirs collectifs de l’exercice sacerdotal avant la venue des évangélisateurs. Sa vie est un véritable parcours initiatique fait de transformations, de mort et de renaissance (une de ses fameuses phrases est :  »Je suis ancien, je suis nouveau, j’ai été mort, j’ai été vivant  »).

Dans un de ces poèmes, nous trouvons une énumération de métaphores qui ne sont pas sans rappeler les kenningar :

« J’ai été sous de nombreuses formes :

J’ai été épée étroite et bariolée.

J’ai avant que je ne sois libre,

Eté larme dans l’air.

J’ai été la plus brillante des étoiles.

J’ai été mot parmi les lettres.

J’ai été livre a l’origine.

J’ai été une langue brillante pendant un an et demi.

J’ai été un pont jeté sur soixante estuaires.

J’ai été route, j’ai été aigle.

J’ai été coracle sur la mer.

J’ai été effervescence de la bière.

J’ai été goutte dans l’averse,

J’ai été épée dans la main.

J’ai été bouclier au combat.

J’ai été corde de la harpe

D’enchantement, neuf années.

Dans l’eau j’ai été l’écume,

J’ai été éponge dans le feu.

J’ai été bois dans le buisson. »

Les images sont belles et épiques, mais surtout empruntes de mystère. Faut-il considérer ce poème comme une manifestation de la science archaïque des peuplades celtiques ?

Un penseur scientifique du XXème siècle, Camille Flammarion, expose dans l’un de ses livres (La fin du monde) sa conception de l’univers : « Nous vivons dans l’infini sans nous en douter. La main qui tient la plume avec laquelle j’écris est composée d’éléments éternels et indestructibles, et les atomes qui la constituent, existaient déjà dans la nébuleuse solaire dont notre planète est sortie, et au-delà des siècles, ils existeront toujours. Vos poitrines respirent, vos cerveaux pensent, avec des matériaux et des forces qui agissaient déjà il y a des millions d’années, et qui agiront sans fin. Et le petit globule que nous habitons est au fond de l’infini – non point au centre d’un univers borné – , au fond de l’infini, aussi bien que l’étoile la plus lointaine que le télescope puisse découvrir.»

Il est remarquable de constater les similitudes entre les deux textes. Matière et énergie en perpétuelle transformation sont les éléments redondants des deux versions. Ainsi en l’espace de 14 siècles arrivons-nous au même constat que les savants de l’époque préchrétienne… avec la poésie en moins !

Publié dans:Etudes, Le Haut Moyen-Age |on 17 août, 2014 |Pas de commentaires »

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