Le kenning et la magie
La pratique de la magie est attestée dans les sagas islandaises. Les rites que les vikings opéraient faisaient appel aux kenningar. Ainsi, il fallait prendre les plus grandes précautions dans l’emploi du nom de l’ennemi à conjurer. Cela est vérifié dans les superstitions populaires.
Dans les rituels, le nom de personne était systématiquement remplacé par un kenning. Le tabou verbal était de mise. Les Sames (ou Lapons) sont sans doute le peuple qui influença les norrois du moyen-âge dans les rites chamaniques. Dans la Vatnsdoela saga, ils interdisent de prononcer leur nom pendant qu’ils pratiquent un rituel. En matière de chasse, il ne faut pas nommer la bête sauvage que l’on traque. En Norvège, on ne disait pas « ours » mais « Grand-père », ou encore « Vieux à la fourrure ». Le « loup » devenait « patte grise », « vermine », « l’affreux », ou le « troll » ; l’aigle était la « créature ».
On rencontre le même procédé pour désigner le dieu Odin. Il ne sera que très rarement désigné par ce nom, mais plutôt par ses surnoms (on en compte 169). Une crainte superstitieuse régnait autour du culte odinique. Le dieu de l’éloquence et de la magie contenait en son nom un pouvoir que seuls les officiants religieux pouvaient évoquer.