Archive pour décembre, 2013

Le Dialogue des deux sages, introduction

OursTombe

Le Dialogue des deux sages est le titre d’un texte trouvé en Irlande (Agallam in da Suad). Il est écrit en langue moyen-irlandais, c’est à dire dans la langue utilisée avant le XII è siècle dans l’île. Son contenu est archaïque puisqu’il est question d’une joute verbale entre deux druides. Cela le fait remonter à l’époque antérieure à la venue de Saint Patrick. Je le classe volontairement dans la catégorie « antiquité » car son propos concerne la classe sacerdotale celtique qui officiait dans la quasi-totalité de l’Europe antique. Sa portée est, je pense, européenne, même si sa spécificité est gaëlique. Je lui attribue une dimension archétypale en ce qui concerne le druidisme. En effet, c’est le seul texte historique qui nous renseigne sur les formes de pensée et d’expression des druides. Car l’usage de l’écriture était réservé aux activités autres que cultuelles. Ainsi, aucune trace archéologique n’ont révélé de preuves aussi vivantes de l’élocution des élites. Les témoignages contemporains des sociétés celtiques confirment bien ce qui nous apparaît aujourd’hui comme une lacune : l’absence de traces écrites de l’exercice sacerdotal. Le Dialogue des deux sages représente donc un véritable trésor à cet égard.

Il faut cependant attirer l’attention sur le fait qu’à l’époque de la restitution du Dialogue, la société irlandaise était évangélisée. Depuis le V è siècle les celtes insulaires se sont convertis au christianisme et avec eux, les officiants druidiques (bardes, druides, ovates, filid). Ainsi, la christianisation aura eu pour conséquence une certaine épuration dans notre Dialogue. Les mœurs relevant du paganisme ont été polis, adoucis, voire habillés (pour ne pas dire déguisés). On y trouve des formules cléricales ainsi que la mention du Jugement dernier !

Malgré cet obstacle, nous avons en main des formules de rhétoriques relevant d’une société païenne. Le texte versifié relate le dialogue entre deux filid -poètes irlandais- (Nede et Ferchertne) prétendants à la charge de docteur suprême d’Ulster. D’une grande richesse par son langage, il est truffé de métaphores. En cela, il nous renvoie aux kenningar. Nous développerons plus loin la possible origine commune entre les civilisations préchrétiennes celtiques et germano-scandinaves. Brugge et Heusler ont fait remonter les kenningar à l’art oratoire des filid irlandais. Cette hypothèse renforce l’emplacement de cet article dans la catégorie « antiquité ». Elle dresse Le Dialogue des deux sages comme un extrait archaïque d’une initiation spirituelle antérieure à toute évangélisation.

Publié dans:L'Antiquité |on 28 décembre, 2013 |Pas de commentaires »

Le « heiti » ou synonyme

Le « heiti » est un terme scandinave du moyen-âge pour le synonyme dans la poésie.

Plus exactement, il est la dénomination d’un être ou d’un objet. Le heiti et le kenning reposent sur le principe d’éviter de nommer les choses par leur nom.

Les heiti peuvent être catalogués en trois registres. Le premier est le registre de l’archaïsme. En effet les locuteurs usaient de mots anciens par rapport à leur époque pour remplacer des mots modernes de même sens. En effet « eldr » contemporain des vikings sera substitué par « furr » ou « hyrr » plus anciens pour désigner le feu.

Le deuxième registre est l’emprunt aux langues étrangères. Ainsi on trouve « diar » d’origine celtique pour désigner les Dieux.

Le troisième registre est métonymique. Ainsi s’opère un changement de désignation par ce procédé. Le chêne désignera le bateau, le fracas sera la bataille, la poutre le guerrier, l’acier l’épée…De la même manière les surnoms prendront lieu et place des appellations usuelles. Cela peut s’observer dans la quantité de noms propres à chaque divinité. Le dieu Odin en compte 169 !

Les heiti constituent un rouage majeur de la poésie des scaldes (poètes islandais). Ils tiennent une place prépondérante dans les kenningar ; ils alimentent la créativité des images décrites et donnent du relief au récit. Les vieux termes donneront une patine ancienne au propos ; les usages de mots étrangers verseront dans l’exotisme ; les métonymies révèleront les causes pour l’effet (tumulte pour combat) et le contenant pour le contenu (corne pour hydromel).

Publié dans:Le Moyen-Age |on 28 décembre, 2013 |Pas de commentaires »

La mécanique des kenningar

Les kenningar sont des périphrases souvent énigmatiques qui font écho à des références mythologiques païennes. Leur usage, répandu par les classes élitistes viking, comprend en général des expressions à deux termes : ainsi on a « loup des temples » pour évoquer le feu. Un nominatif et un génitif. Cette structure est redondante dans les sagas islandaises.

En extrapolant cette mécanique, nous pouvons envisager une multiplication de la structure. En effet, dans ces expressions à deux termes (nominatif et génitif), nous pouvons appliquer la règle et ainsi remplacer l’un des deux termes par une seconde périphrase. Ce qui en se basant sur notre lexique pourrait donner : « la race de Fenrir des temples » ; la race de Fenrir évoque le loup ce qui donne « loup des temples », ce qui se traduit alors par le feu. Cette gymnastique devient très vite opaque pour l’auditeur non averti. Elle ne semble pas avoir été développée à l’époque des scaldes (poètes islandais). Toutefois, les Celtes, notamment les Irlandais, en ont fait usage de manière assidue. Dans Le Dialogue des deux sages, nous en avons moultes exemples :

 » Une question, Ô jeune homme d’instruction, d’où es-tu venu ? (22)

Ce n’est pas difficile : (23)

Du talon d’un sage, c’est à dire du voisinage d’un sage, (24)

D’un confluent de sagesse, (25)

De perfections de bonté, (26)

Du brillant du soleil levant, (27)

Des noisetiers, (28)

De l’art poétique, (29)

De circuits de splendeurs, (30)

… »

Les traducteurs se sont perdus dans la multiplication des images ; le sens réel est extrêmement difficile à appréhender. Ainsi la mécanique des kenningar a pu servir de langage codé élististe réservé aux classes savantes, c’est à dire bardes et druides pour les Celtes et godis et scaldes pour les germains et scandinaves. Cette éloquence révèle une connaissance vertigineuse. Sans doute les images ont elles été construites au fil des relais entre initiés. Au cours des années, elles auront pris des tournures et des remaniements différents, tout en échappant jamais à la compréhension de leurs locuteurs.

 

Publié dans:Etudes |on 26 décembre, 2013 |Pas de commentaires »

Beowulf, l’étude d’un genre poétique

Ulfhednar

Introduction

Beowulf (prononcez béowoulf) est le plus ancien des longs poèmes (il a 3 182 vers) qui nous sont parvenus écrits en vernaculaire européen, c’est-à-dire en langue autre que le latin : ici l’anglais d’avant la conquête normande de 1066, le vieil-anglais, ou anglo-saxon. Le poème représente un dixième de notre corpus de poésie vieil-anglaise.

Son unique manuscrit date de l’an mil, mais le poème ou une version du poème peut avoir été composé plusieurs siècles auparavant. Son titre, donné par les éditeurs modernes, est le nom de son héros, qui aurait vécu au VI e siècle. Des hypothèses aussi nombreuses que savantes, s’appuyant sur des indices linguistiques, historiques, archéologiques ont proposé diverses dates de composition, allant du VIIe au XIe siècle. Le nombre et la vraisemblance des hypothèses montrent, semble-t-il, que notre version est l’aboutissement d’une longue tradition qui a pu ajouter quelques détails d’actualité et donner à l’ensemble une patine uniformisante. C’est pourquoi je le fais remonter au Haut Moyen-Age.

Le héros Beowulf acquiert de nos jours une notoriété de personnage mythique, du moins aux Etats-Unis. Une centaine de sites sur internet le concernent en grande majorité américains. Il est le héros de romans, de livres d’enfants, de bandes dessinées, de films, de pièces de théâtre, d’opéras, de récitals. Les britanniques sont plus réticents. Pour eux Beowulf reste avant tout le protagoniste d’un chef-d’oeuvre littéraire, remis en honneur par une conférence du professeur J.R.R. Tolkien, le futur auteur du Seigneur des Anneaux en 1936 et par la traduction, plusieurs fois couronnée, du poète Seamus Heaney (1999). En France, malgré certains efforts, il reste peu ou mal connu.

On comprend l’attrait du héros, superman luttant contre des êtres du Mal : contre un ogre, puis contre l’ogresse sa mère, enfin contre un dragon. Il y a progression dans la difficulté des combats : d’abord à mains nues, sur terre, puis bien armé, sous les eaux enfin le héros doit affronter un dragon de feu et dans les airs, et il périra à la fois vainqueur et victime.

Analyse du poème

Les trois premiers vers constituent l’ouverture indiquant le genre littéraire du poème. Celui-ci exalte la gloire au combat de grands chefs dans les temps anciens. Le poème appartient donc au genre de la poésie héroïque.

La lutte contre l’ogre Grendel

Les Danois ont connu la prospérité sous le règne de Scyld (prononcez child), vers 4-25. Le poème décrit les funérailles grandioses de Scyld : son corps est déposé dans un bateau-tombeau, lancé sur la mer, 26-52. Ses descendants ne déchoient pas. Le roi Hrothgar (rossgar) a bâti un palais altier, symbole de sa puissance (à Lejre ?), 53-85. La joie qui s’y déploie excite l’envie d’un ogre, nommé Grendel (gren’deul), 86-114. Chaque nuit pendant douze Années (147) Grendel vient se repaître, 115-188. Hrothgar est trop vieux pour résister, 189-195.

Le jeune prince Beowulf un Gaut (un habitant du sud de la Suède actuelle), apprend les malheurs du vieux roi, franchit la mer (le Cattégat), 194-228 (scène stéréotypée, en anglais typescene, de la traversée, 210-224 , cf. 1896-1913). Le petit groupe, de quinze hommes (207), est successivement interrogé par le gardien des côtes 229-319, le héraut du roi. Wulfgar (320-370), puis son  » parleur « , Hunferth (oun’feurs’) qui évoque la compétition en mer du jeune Beowulf avec Breca (bréca), 499- 606. Entretemps le roi Hrothgar donne quelques informations sur Beowulf, 371-389, 456-472. Un festin scelle l’accueil de Beowulf chez les Danois Scyldingiens, 611-661.

Beowulf, vigilant, attend l’ogre, qu’il décide d’affronter à armes égales, c’est-à-dire à mains nues, 662-701. (D’ailleurs, les lames de facture humaine ne peuvent entamer le cuir des ogres, cf, 791-805, 1519-1528). Le gigantesque Grendel arrive, dévore un Gaut, 702-745, mais, quand il s’attaque à Beowulf, il trouve un adversaire plus fort que lui et, surtout prêt à la résistance, 745-805, Grendel réussit à fuir, mais il est blessé à mort. Beowulf lui ayant arraché un bras, 805-824.

On célèbre la victoire de Beowulf. Les cavaliers de Hrothgar improvisent une course de chevaux (853-867) et composent un poème de louange, reprenant la victoire de Sigemund sur un dragon 867-915. Lors du festin au palais, le roi Hrothgar remercie Beowulf et le récompense richement, 916-1250. Le poète officiel chante un poème sur le massacre au palais de Finn le Frison, le mariage de Finn avec une Danoise, Hildeburh, n’ayant pas réussi à réconcilier les deux peuples, 1063-1162. (Ce récit d’un massacre peut sembler incongru parmi les réjouissances fêtant une victoire mais il intéresse l’histoire danoise et illustre l’un des thèmes du poème : l’inefficacité des mariages diplomatiques. Ce thème tient peut-être à une actualité contemporaine ; il explique, en tout cas, que Beowulf n’épouse pas la fille du roi qu’il vient de secourir. cf. 2024-2078.)

La lutte contre l’ogresse, mère de Grendel

Un autre monstre la mère de Grendel, venge la mort de celui-ci en emportant le meilleur compagnon de Hrothgar, 1251-1344. Le roi et Beowulf partent sur les traces sanglantes de la meurtrière, qui les conduisent à une sinistre lagune, repaire des monstres 1345-1472 (Descriptions de ce paysage maudit : 1345-1375, 1408- 1417). Beowulf prend soin de revenir avec une armure qui le protégera contre les monstres aquatiques, 1441-1472 (à scène stéréotypée > de l’armement du héros). Beowulf affronte le monstre femelle dans son repaire, au sec, sous les eaux, 1473-1517. Sur le point de succomber, l’arme prêtée par Hunferth se révélant inefficace, Beowulf doit son salut à une épée de géant qu’il arrache à la panoplie de l’ogresse, 1518-1569. Il complète sa victoire en décapitant le cadavre de Grendel ; il rapporte la tête au palais de Hrothgar, 1570-1650. Nouvelle célébration au palais de Hrothgar, 1651-1816. Hrothgar adresse à Beowulf un discours de science morale et politique, évoquant l’histoire du mauvais roi danois Heremod, 1698-1784. Le roi souhaiterait adopter Beowulf mais celui-ci tient à retourner auprès de son suzerain, le roi gaut Hygelac (hij’lak), 1817-1887.

Beowulf retraverse la mer, 1888-1913. En décrivant la conduite de l’épouse du roi Hygelac, le poète rappelle l’histoire de celle du roi Offa, 1925-1962 (peut-être en hommage à son descendant Offa, roi des Merciens de 757 à 796). Beowulf raconte à Hygelac ses exploits chez les Danois, 1983-2143, et à propos du mariage projeté de la fille de Hrothgar, Freawaru, avec le Heathobard Ingeld, il évoque (en anticipant) l’échec de la réconciliation entre Heathobards et les danois, 2024-2078. Beowulf remet à son suzerain Hygelac les récompenses que lui a données Hrothgar, Hygelac en retour l’associe au gouvernement du royaume gaut, 2144-2199.

La lutte contre le dragon, mort et funérailles du héros

Longtemps après un règne de cinquante ans (2219) – Beowulf voit son pays et son propre palais ravagés par un dragon, 2200-2335. Le dragon dormait sur un trésor déposé dans un caveau par le dernier survivant d’une brillante civilisation, 2232-2270 (chant de cet ultime héritier, 2247-2266.) Le dragon a été mis en fureur par le vol d’une coupe du trésor, 2215-2220; 2287-2302.

Beowulf se fait fabriquer des armes spéciales pour résister au feu, 2333-2354, et, guidé par le voleur, va défier le dragon tapi dans son caveau. Son équipe, lui compris, compte douze hommes, 2401, mais c’est seul que le héros veut exercer son courage, 2510-2537.

Le vieux roi récapitule sa vie : son éducation à la cour du roi Hrethel 2425-2443 : la mort accidentelle du fils aîné du roi tué par le cadet Haetheyn. 2425-2443 – à ce propos Beowulf évoque le chagrin d’un père dont le fils pend au gibet. 2444-2459 : la guerre avec les Suédois, où Haethcyn perd la vie, 2479-2489 ; le règne et la mort d’Hygelac, 2490-2508.

Le vieux Beowulf a perdu de sa force et il ne tue le dragon qu’au troisième assaut et avec l’aide du jeune Wiglaf (ouiy’lef), 2535-2721. Atteint d’une blessure empoisonnée, Beowulf meurt à la fois victime et vainqueur. Avant de mourir il ordonne l’édification de son bûcher et mémorial, 2802-2808, et il fait de Wiglaf son héritier, 2809-2816.

Wiglaf reproche aux compagnons de n’avoir pas secouru Beowulf, 2821-2891. Il envoie un messager annoncer la mort de Beowulf ; le messager prévoit en réaction des offensives des Suédois et des Francs, 2892- 2945. Le trésor du dragon sera enfoui dans le tumulus de Beowulf. Le poème s’achève comme il avait débuté, par la description de funérailles, 3137-3182. Celles de Scyld étaient sur l’eau, celles de Beowulf sont sur terre et par le feu ; néanmoins, selon la volonté de Beowulf, son haut mémorial servira d’amer aux marins, 3159-3160 cf 2804 – 2808.

En clôture du poème, les deux derniers vers, octosyllabes comme les deux premiers en ouverture, martèlent la rime des superlatifs, l’adjectif final, le troisième exprimant le caractère héroïque du roi et du poème. Et, procédé tout aussi remarquable, le poème engendre le poème puisque les douze (3170) nobles cavaliers qui font le tour du tombeau exaltent leur roi défunt en racontant ses hauts faits.

Le poème associe des caractéristiques contrastées. Il est écrit en anglais mais sa matière est scandinave. Il se présente comme un document historique et les premiers commentateurs, Humfrey Wanley en 1705, Grimur Jonsson Thorkelin en 1815, le prirent pour une histoire des rois danois, mais il relate des aventures fabuleuses et il suit le schéma de contes folkloriques – ici cependant le jeune libérateur n’épouse pas la fille du vieux roi. Les combats sont au nombre de trois, et de plus en plus difficiles.

C’est un poème chrétien décrivant une société païenne, se gardant de la moindre allusion au Christ ou à l’église.

Les données historiques sont tenues puisqu’elles se réduisent au personnage d’Hygelac, oncle et roi de Beowulf. La mort d’Hygelac lors de son raid malheureux à l’embouchure du Rhin, vers 520/330, est attestée par les Libri historiarum X (III, 3) de Grégoire de Tours, mort en 594, le Liber Historiae Francorum (chapitre 19) écrit vers 727, et le Liber monstrorum (1, 2) du VIIIe siècle.

Les autres Personnages sont inconnus ou presque.

Certains noms apparaissent dans le poème-catalogue vieil-anglais de Wid-sith  » Le grand-voyageur  » du Livre d’Exeter (codex de la seconde moitié du Xe siècle, rassemblant des poèmes très anciens), ou bien figurent dans des contextes très différents, dans les récits scandinaves du XIIIe siècle des historiens Saxo Grammaticus, Snorri Sturluson. La bataille au sec sous les eaux se retrouve dans la saga de Grettir (début du XIVe siècle).

Beowulf est du peuple des Geatas dans le texte original de note poème, Gautar, en vieux scandinave (moderne Götar), occupant le sud-ouest de la Suède actuelle. Mais à l’époque de Beowulf au VIe siècle, Geatas au sud des grands lacs Vänern et Vättern et Suédois, au nord, se faisaient la guerre. Le titre actuel du roi de Suède fait encore la distinction : rex Sveorum Gothorumque. Geatas signifie donc  » Gauts « .

Les témoignages archéologiques, eux, confirment les descriptions du poème

Les tertres funéraires de Sutton Hoo, près de Woodbridge, à 130 kilomètres au nord-est de Londres, ont livré, entre autres, un bateau-tombeau (ou cénotaphe) rempli d’objets précieux , armes de Suède, petite harpe, coupes et plats, certains d’art byzantin (cl. 36-48) : il date du début du VIIe siècle. Il pourrait être le monument funéraire du puissant roi Raedwald à religion syncrétiste.

De la même date, la reconstitution du plan du complexe de Yeavering, au nord de l’Angleterre, montre un vaste édifice, entouré de pavillons plus petits. Tel est le palais de Hrothgar entouré de pavillons où se retirent le roi et la reine, et leur hôte Beowulf. Les constructions sont de bois et donc souvent la proie d’incendies. Toutefois le caveau, où le dernier héritier d’une civilisation passée (romaine) enterre son héritage et où se tapit le dragon, est de pierre.

L’archéologie a retrouvé, en Angleterre et en Scandinavie, des casques, des épées, des boucliers des cottes de maille conformes aux descriptions du poème. Et les bateaux du poème à la forme élancée , à la proue curviligne et au si faible tirant d’eau qu’on hale le navire sur la grève, sont semblables aux bateaux trouvés en Norvège et au Danemark.

L’ unique manuscrit 

L’unique manuscrit du poème se trouve aujourd’hui à Londres, à la British Library, sous la cote Cotton Vitellius   A.xv. Sir Robert Bruce Cotton (1571-1631, un peu plus jeune que Shakespeare) fut un parlementaire hostile au pouvoir absolu des rois et un grand collectionneur de manuscrits. Un buste de l’empereur romain Vitellius (68-69) surmontait l’une des quatorze armoires de Cotton. Le codex contenant notre poème reposait sur la plus élevée (A) des six étagères de cette armoire, à la quinzième place.

Un incendie a ravagé la bibliothèque Cotton en 1731. Le feu a endommagé les marges extérieures du Cotton Vitellius A.xv. Le Vitellius A.xv comporte en fait deux codex différents. Le second, qui contient Beowulf  est commodémment appelé le Codex Nowell, du nom de Laurence Nowell, érudit et voyageur du XVIè siècle, qui inscrivit son nom au recto du premier feuillet.

Le Codex Nowell mesure environ 20 cm de haut et 13 de large, une taille inférieure à celle d’autres manuscrits vieil-anglais, notamment de poésie, mais supérieure à celle du manuscrit d’Oxford de la Chanson de Roland (17 x 12 cm – XIIe siècle). La foliotation varie selon les bibliothécaires et les éditeurs. J’adopte celle de 1884, retenue par Dobbie et Malone (Zupitza, Klaeber et Kiernan suivent celle de Planta, de la fin du XVIIIe siècle). Les paléographes datent l’écriture des environs de l’an mil.

Le Codex Nowell ne comprend que des textes en vieil- anglais. En prose : le dernier tiers d’une Passion de saint Christophe, les Merveilles de l’ Orient la lettre d’Alexandre à Aristote sur ses découvertes en Asie. En vers : notre poème de Beowulf et un poème incomplet sur Judith. Les cahiers occupés par Beowulf forment un ensemble qui a pu être réuni tardivement a un texte en prose ; et Judith a pu rejoindre Beowulf à cause de leur identité d’écriture. Textes en prose et textes en vers racontent tous des rencontres avec des êtres extraordinaires : saint Christophe et Holopherne sont gigantesques, fauves et humains bizarres peuplent l’Asie d’Alexandre et des Merveilles. Beowulf affronte ogres gigantesques et dragon.

L’écriture révèle que deux scribes ont copié notre poème. Le premier s’arrête en pleine phrase, juste avant la quatrième ligne du folio 175 verso, coupant en deux l’hémistiche d’arrière du vers 1939, soit aux trois cinquièmes environ des 3 182 vers du poème.

Les poèmes Vieil-anglais sont écrits en lignes continues comme les textes en prose, parfois peut-être ponctués davantage. Seule une interprétation interne peut restituer les vers.

L’ensemble des 3 182 vers des éditions modernes de Beowulf est divisé, dans le manuscrit en 44 sections, signalées par un numéro en chiffres romains, un début de section en majuscules, une ponctuation forte à la fin de la section précédente. Le numéro des premières sections est noté à la fin de la section concernée. Ces sections rebutent des séances de travail à un certain stade de la transmission. Leur fin anticipe souvent le contenu de la section suivante. Leur début correspond souvent à un un « je répète et j’enchaîne » ; ou bien la fin de la section coïncide avec celle d’une tirade ou forme clôture, terminant une étape narrative, énonçant un constat moral. Les erreurs, pour la plupart corrigées par un autre scribe montrent que nos deux scribes recopiaient un modèle, lui-même peut-être copie de copie.

Langue

Le poème est écrit dans le dialecte west-saxon tardif des Xe-XIe siècles devenu la norme pour l’immense majorité des manuscrits qui ont survécu jusqu’à nous, avec quelques touches merciennes, preuves d’ancienneté ou de souci archaïsant.

Les scribes jouissent de latitudes que bannira l’imprimerie. On trouve 40 occurrences de la graphie Beowulf, avec eo west-saxon, et 14 de Biowulf avec io d’autres dialectes. Le premier Scribe écrit toujours Beowulf le second presque toujours Biowulf (14 occurrences contre 3 avec eo). Cependant Judith, écrit par ce même second scribe, ne contient aucun io.

A l’origine la poésie vieil-anglaise était de composition orale, probablement accompagnée ponctuellement ou continument à la petite harpe. Le chapitre de Bède sur le premier poète chrétien anglo-saxon, Caedmon, documente cette oralité (Historia ecclesiastica gentis Anglorum, IV 22e paragraphe 1-4). L’oralité associe deux tendances opposées : l’une d’autonomie des groupes syntaxiques (nom + épithète – adjectif ou génitif ; verbe et son complément), l’autre de liaison (emploi d’adverbes, de conjonctions).

Poétique

Toute poétique ne fait qu’accentuer des traits spécifiques du matériau linguistique. L’autonomie des syntagmes explique le rôle fondamental de l’hémistiche. Le souci de liaison privilégie la répétition de l’attaque des syllabes initiales fortement accentuées : cette répétition ou  » allitération  » forme le vers en unissant l’hémistiche antérieur et l’hémistiche d’arrière.

Hwaer !   We Gar-Dena in gear-dagum    » Donc – nous allons dire des Danois-à-la-lance aux jours d’autrefois « . Ce premier vers de Beowulf relie ses hémistiches par l’allitération en /g/, phonème ici réalisa par deux allophones (g) et (j). Le dernier sommet accentuel du vers.

Dag-, allitère avec Dena, mais cette allitération n’est pas fonctionnelle. L’absence d’allitération fonctionnelle sur le dernier sommet accentuel marque en effet obligatoirement une fin de vers.

La métrique adoptée par la plupart des commentateurs d’aujourd’hui est celle de Sievers (1885 et 1893), distinguant cinq types d’ hémistiche d’après l’alternance des syllabes différemment accentuées.

Dès les premiers hémistiches du poème, au v. 1 cité ci-dessus, les difficultés surgissent : nous trouvons des tournures qui ne correspondent à aucun des cinq types !

Modules formulaires

La technique originellement orale de la poétique vieil- anglaise explique l’usage de modules de composition : formules, motifs, scènes stéréotypées.

Une focale est une matrice à trois composantes : sémantique, grammaticale et métrique (allitération et volume). Pour dire « dans le passé » le poème dispose du syntagme mots grammaticaux d’ accentuation mineure – composé fortement accentué : dans cet exemple le segment d’accentuation mineure est nécessaire au volume minimal de l’hémistiche. On trouve dans Beowulf : une variante par commutation du premier élément du composé change l’allitération : les formules peuvent aussi être variées par permutation.

Un motif est constitué de formules. Il peut être rhétorique ou thématique. Thaet waes god cyning” est une formule de clôture en second hémistiche (11. 863. 2390.) Un motif rhétorique récurrent est celui de l’insertion de tirade, les guillemets n’existant pas. Le motif peut s’augmenter de la gestuelle qui accompagne le discours (235-236).

Le motif des  » bêtes de carnage  » – aigle, corbeau, loup – signalant une bataille est un motif thématique fréquent en poésie vieil-anglaise tel dans la bordure supérieure de la Tapisserie de Bayeux mais n’apparaît qu’une seule fois dans Beowulf, 3024-3027. Le motif des armes énumère les armes offensives (épée, lance) et défensives (casque, tunique, bouclier). Ce motif principal appelle des motifs secondaires louant la qualité, l’éclat, la décoration.

L’ancienne des armes

Le motif du froid est associé à la mort et à au chagrin : bateau-tombeau de Scyld (33) lamentation (129) matin tragique (3022 ).

Une scène stéréotypée comprend une séquence de motifs, dont l’ordre et le nombre peuvent varier. Le festin est une scène décrite six fois dans Beowulf dans la partie concernant les ogres, et notre poème fut vraisemblablement lui-même récité (ou composé pour être récité) lors de festins. Quatre festins prennent place dans le récit, dont deux sont à nouveau décrits par Beowulf : 491-661 (repris par Beowulf 2009-2069). 991-1250 (repris 2101-2117) 1 785-1 793, 1975-2199. La séquence des motifs correspond aux étapes d’un banquet réel : on prépare la salle ; les nobles guerriers s’installent ; la boisson est d’abord offerte par un compagnon du roi, puis par la reine ou une princesse (rite de concorde), enfin par des échansons : les récompenses sont distribuées par le roi et la reine : des poèmes sont chantés par le poète officiel (scop, prononcez chôp) ou par le roi ou ses compagnons : les guerriers racontent ou promettent : roi et reine se retirent. Il n’y a aucune mention de nourriture solide – pour mieux opposer le cannibalisme des ogres ? On trouve une même suite de motifs dans les autres scènes stéréotypées : traversée maritime (205-228. 1888- 1921), bûcher funèbre (de Hnaef 1107-1124, de Beowulf 3137-3155), etc.

Il ne faudrait pas réduire le poème à un assemblage systématique de formules, motifs et scènes stéréotypées. Les éléments traditionnels sont utilisés par le poète là où il les juge opportuns. Le poète reste libre d’inventer hémistiches et développements à condition qu’ils répondent au moule traditionnel.

On trouve dans le poème plusieurs allusions à l’art de la composition orale. L’éloge de Beowuf après sa victoire sur l’ogre est composé oralement, spontanément, mais le cavalier-poète reprend d’abord le récit traditionnel de Sigemund vainqueur d’un dragon pour pouvoir inventer le récit de l’aventure nouvelle de Beowulf (853-897) – et c’est en même temps une habile anticipation du dénouement du poème. Ce sont encore de nobles cavaliers qui, autour du bûcher funèbre, rappellent la gloire de Beowulf. Les derniers vers du poème engendrent le poème, formant, fermant ainsi le cercle de l’acte poétique. La poésie anglaise offre un vocabulaire qui lui est propre.

On trouve dans notre poème bearn  » enfant  » et non pas cild (moderne child), frignan  » demander » , et non pas ascian (ask). La plupart des lexèmes propres à la poésie sont archaïques et appartiennent au domaine  » héroïque  » : les guerriers et leurs armes, la mer.

Certains termes sont employés métaphoriquement : le roi est helm « casque et panache  » de son peuple.

L’allitération multiplie les composés. Le second élément, tête grammaticale et lexicale du composé, demeure stable, mais le premier varie suivant les besoins de l’allitération (en f : fyrn-dagum, en g : gear-dagum) et du contexte : voir  » Danois  » dans le répertoire des noms propres.

Il est difficile d’apprécier la part d’invention du poète de Beowulf, notre corpus de poésie vieil-anglaise ne représentant que la petite partie survivante de cette poésie mais son génie créatif paraît évident.

Il convient de signaler le procédé stylistique de la variation, c’est-à-dire de la répétition d’une unité sémantique sous différentes formes lexicales dans une même proposition (34-35). La frontière entre énumération et variation est ténue, ainsi dans la description des sentiers menant au repaire des monstres (1408-1411).

Notons encore l’ambivalence syntaxique. Deux génitifs se suivent dans les deux premiers vers : « des Danois-à-la-lance » et « de rois souverains » : le premier dépend-il du second, ou s’agit-il de « variation » ? Les hémistiches de 259 sont-ils une   « variation » de 258 ou une nouvelle proposition ? Beowulf est un poème héroïque, précisément défini dans les trois premiers vers de son ouverture. Il a pour thème la gloire, la gloire au combat, de princes puissants, aux jours d’autrefois.

Cependant, ce poème héroïque a une autre finalité. C’est un miroir de prince. Il donne en modèle Beowulf comme Fénelon plus tard imaginera son Télémaque. Jeune, Beowulf est fidèle à son suzerain/souverain Hygelac. Il refuse l’offre d’adoption du roi danois et proclame qu’il ne s’est battu que pour la gloire de son roi. Il remet à Hygelac les récompenses qu’il a reçues des souverains danois. Il venge la mort d’Hygelac en tuant son meurtrier et en sauvant les armures précieuses. A la mort du roi Hrethel il s’efface devant l’héritier légitime et se contente d’aider le jeune roi. A la mort de celui-ci Beowulf accède enfin à la royauté. Après avoir longtemps régné avec bonheur il prend les armes, bien que vieux, contre la furie d’un dragon qui dévaste son royaume. Il mourra glorieusement.

Dans son examen de conscience avant ce dernier combat (2729-2743). Beowulf trace le portrait du roi idéal. Beowulf est doté de vertus chrétiennes, mais il n’est pas chrétien. Il commande que son cadavre soit brûlé, or l’église a condamné l’incinération jusqu’au XXe siècle.

La société Scandinave de Beowulf n’est pas encore évangélisée (175-178). Le poème montre comment un païen peut pratiquer des vertus chrétiennes. Il répond ainsi à la question d’Alcuin reprochant en 797 à un évêque d’ écouter avec plaisir l’histoire de païens :  » Qu’a à faire le Christ avec Ingeld ?  » (Monumenta Germaniae Historica, Epistolae IV, n° 124). Contrairement à Alcuin, notre poète évoque un prince païen à la conduite chrétienne. J’aime imaginer que le très chrétien roi anglo-saxon Alfred le Grand mit au programme des fêtes célébrant le baptême de son adversaire scandinave Guthrum, en juin 878, la récitation d’une version de Beowulf.

Le plaisir à lire ou écouter (ou traduire) Beowulf se mérite. On doit déchiffrer l’entrelacement des mots et des faits, l’entrelacs des allitérations, répétitions, échos, le jeu des allusions, réflexions, anticipations, retours en arrière. Le temps du récit est multiple. Les voix se mêlent, celle du narrateur chrétien et celle de ses personnages. Et pourtant la ligne de crête des hémistiches se dresse aussi nettement que dans les vers de Verhaeren ou de Valéry. Il est impossible de transposer intacte en français, où les mots s’accentuent légèrement en finale, la poésie allitérante germanique, fondée sur l’énergie d’accent frappant la syllabe initiale des radicaux.

Merci à André Crépin pour sa traduction et la qualité de sa restitution. Lettres gothiques. Le Livre de poche.

 

 

 

Publié dans:Le Haut Moyen-Age |on 22 décembre, 2013 |Pas de commentaires »

Présentation

Grimr

Qui suis-je ?

Un passionné.

Je fais des recherches. Depuis 20 ans.

Des recherches pour reconstituer le puzzle du paganisme européen  ; en effet, les sources sont archéologiques, étymologiques, mythologiques, historiques et nous arrivent éparses. En rassemblant ces données, on se rend vite compte de la richesse spirituelle et culturelle de nos ancêtres avant la christianisation. On est loin du mythe, malheureusement plus répandu, des barbares incultes et sanguinaires. Sans doute l’arrivée du monothéisme aura fait son œuvre pour dénigrer les cultes précédents.

Comme Obélix, on peut dire que je suis tombé dans la marmite quand j’étais enfant, car la mythologie m’a toujours fait vibrer. Je considère que l’homme reste fondamentalement rattaché à son biotope. Comme un animal l’est avec son milieu naturel. Ainsi, ce lien qui nous relie avec la nature serait une composante majeure du paganisme. Avant l’avènement des religions révélées, l’homme portait en lui le Sacré. Cet art de vivre, plus qu’une religion au sens moderne du terme, révèle une sagesse qui dénonce l’intolérance. Le message de fond apparaît clairement comme celui de l’acceptation. Cette richesse humaine est à redécouvrir à travers la culture des sociétés préchrétiennes. Sa portée fait vaciller le racisme et le sectarisme.

Ce blog est né un jour de solstice d’hiver, le jour le plus court de l’année. Ce moment était célébré jadis comme un renouvellement lumineux. Le soleil allait réapparaître après être plongé dans l’obscurité, il allait renaître. C’est en toute humilité que ce blog voit le jour et j’espère qu’il éclairera nos connaissances.

Je vous souhaite une très bonne lecture et d’être aussi émerveillé que moi devant ce trésor culturel.

 

Franck Chanal

Publié dans:Qui suis je ? |on 22 décembre, 2013 |Pas de commentaires »

Kenningar

 

Feux (ou bâtons) des Hiadningar : armes 

Après l’enlèvement de Hild, la fille du roi Hogni par Hedin, les deux hommes et leurs armées engagèrent le combat. Le soir venu, Hild ressuscita les morts de la journée, et le combat repris le lendemain.

 

Crâne d’Ymir : ciel 

Lors de la création du Monde, les trois fils de Bor, Wotan, Vili et Vé tuèrent Ymir et créèrent le ciel avec son crâne.

 

Tempête ou bourrasque des Hiadningar : bataille 

Après l’enlèvement de Hild, la fille du roi Hogni par Hedin, les deux hommes et leurs armées engagèrent le combat. Le soir venu, Hild ressuscita les morts de la journée, et le combat repris le lendemain.

 

Bouchée des géants : or 

A la mort du géant Olvadi, qui possédait une grande fortune, ses trois fils Thiazi, Idi et Gang se partagèrent cet or de la manière suivante : ils prirent chacun autant d’or que leur bouche pourrait en contenir.

 

Parole (ou mot ou discours) des géants : or 

Version plus secrète encore du kenning « bouchée des géants » pour le mentionner dans les runes.

 

Chevelure de Sif : or 

Loki fit un jour la mauvaise farce de couper les cheveux de Sif. Lorsque Thor s’en aperçut, il se saisit de Loki pour le corriger. Apeuré, Loki promis d’aller voir les nains pour qu’ils lui fassent une chevelure d’or, mais qui pourrait pousser comme de vrais cheveux, ce qu’il fit sur-le-champ.

 

Tribut de la loutre : or 

Après avoir tué par erreur une loutre, qui s’avéra être Otr, le fils de Hreidmar, Odin, Loki et Hoenir durent se racheter en trouvant assez d’or pour remplir la peau de la loutre puis la recouvrir entièrement.

 

Rançon imposée aux Ases : or

cf  Tribut de la loutre.

 

Métal des discordes : or

cf  Tribut de la loutre.

 

Repaire de Fafnir : or

Après avoir tué Hreidmar, père, Fáfnir s’empara du trésor de la loutre au détriment de son frère Regin, qui en réclamait la moitié. Il prit également le heaume de son père, son épée et se réfugia dans la région des Gnitaheid, se métamorphosant en serpent et garda farouchement son trésor.

 

Métal de la Gnitaheid : or

cf Repaire de Fafnir

 

Feuillage de Glasir : or

Glasir est un arbre au feuillage d’or rouge poussant sur le Valhalla.

 

Sang de Kvasir : poésie

cf Hydromel poétique

 

Boisson ou ivresse des nains : poésie

cf Hydromel poétique

 

Liquide d’Odroerir (ou de Bodn ou de Son) : poésie

cf Hydromel poétique

 

Viatique des nains : poésie

cf Hydromel poétique

 

Hydromel de Suttung : poésie

cf Hydromel poétique

 

Liquide des Hnitbjörg : poésie

cf Hydromel poétique

 

Butin (ou trouvaille) d’Odin : poésie

cf Hydromel poétique

 

Boisson des Ases : poésie

cf Hydromel poétique

 

Articulation du loup : poignet

Lorsque Fenrir accepta d’être attaché par le lien magique Gleipnir pour éprouver sa force, il ne crut pas que les Ases l’en libérerait ensuite, jusqu’à ce que Tyr accepta de mettre sa main dans sa gueule. Lorsque Fenrir s’aperçut qu’il était prisonnier de Gleipnir, il déchira le bras de Týr au niveau du poignet par vengeance.

 

Nourrir les aigles : tuer des ennemis

Inscription découverte sur la pierre runique de Gripsholm et qui s’explique par le fait que les aigles et autres charognards se nourrissent des corps des guerriers morts.

 

Fille d’Ægir : vague

Ægir eut neuf filles (avec Ran) qui personnifient les vagues.

 

Lumière de la bataille : épée

source Beowulf

 

Attirail de combat : cuirasse

source Beowulf

 

La sueur de la bataille : le sang

source Beowulf

 

Gagner la dernière gloire : trépasser au combat

source Beowulf

 

Rame de la bouche : la langue

 

Forgeron des chansons : le scalde (le poète viking)

 

Soleil des maisons : le feu

 

Perdition des arbres : le feu

 

Loup des temples : le feu

 

Dommage du bois : le feu

 

Loup des cordages : le vent

 

Toit de la baleine : mer

 

Terre du cygne : mer

 

Chemin des voiles : mer

 

Champ du viking : mer

 

Prairie de la mouette : mer

 

Chaîne des îles : mer

 

Loup des marées : navire

 

Cheval du pirate : navire

 

Patin du viking : navire

 

Etalon de la mer : navire

 

Charrue de la mer : navire

 

Faucon du rivage : navire

 

Eclat de la main : or

 

Neige de l’escarcelle : argent

 

Glace des creusets : argent

 

Rosée de la balance : argent

 

Tempête d’épées : bataille

 

Essor de lances : bataille

 

Rencontres de sources : bataille

 

Fête des vikings : bataille

 

Fête d’aigles : bataille

 

Assemblée d’épées : la bataille

 

Chanson de lances : la bataille

 

Pluie de boucliers rouges : bataille

 

Epine de la bataille : épée

 

Poisson de la bataille : épée

 

Toise de la colère : épée

 

Rongeur des casques : épée

 

Rame du sang : épée

 

Loup des blessures : épée

 

Arbre du casque : guerrier

 

Teinturier des épées : guerrier

 

Délice des corbeaux : défunt / guerrier

 

Rougisseur du bec des corbeaux : guerrier

 

Réjouisseur/Amuseur de l’aigle : guerrier

 

Mouette de la haine : corbeau

 

Cousin de l’aigle : corbeau

 

Cheval de la sorcière : corbeau

 

Arbre des corbeaux : mort

 

Avoine des aigles : mort

 

Blé des loups : mort

 

Soleil du coup : épée

 

Abeille de l’assaut : flèche

 

Cygne rouge : corbeau

 

Cygne sanglant : corbeau

 

Chair : cadavre

 

Eau de l’épée : sang

 

Rosée du mort : sang

 

Lune des pirates : bouclier

 

Maison des oiseaux : l’air

 

Maison des vents : l’air

 

Cochon de la houle : baleine

 

Arbre du séant : le banc

 

Bois des mâchoires : la barbe

 

Vague de la corne : bière

 

Marée de la coupe : bière

 

Lune du navire : bouclier

 

Terre de l’épée : bouclier

 

Toit du combat : bouclier

 

Nuées du combat : bouclier

 

Force de l’arc : bras

 

Jambe de l’omoplate : bras

 

Secoueur du frein : cheval

 

Heaume de l’air : ciel

 

Terre des étoiles du ciel : ciel

 

Chemins de la lune : ciel

 

Tasse des vents : ciel

 

Pomme de la poitrine : cœur

 

Dur gland de la pensée : cœur

 

Mouette de la haine : corbeau

 

Mouette des blessures : corbeau

 

Cheval de la sorcière : corbeau

 

Cousin du bateau : corbeau

 

Récif des paroles : dents

 

Glace de la bataille : épée

 

Toise de la colère : épée

 

Feu des casques : épée

 

Dragon de l’épée : épée

 

Rame du sang : épée

 

Loup des blessures : épée

 

Rameau des blessures : épée

 

Croissance d’hommes : été

 

Animation des vipères : été

 

Grêle des cordes des arcs : flèches

 

Oies de la bataille : flèches

 

Sang des cimes : fleuve

 

Terre des filets : fleuve

 

Arbre de l’épée : guerrier

 

Teinturier des épées : guerrier

 

Dévoreur du casque : hache

 

Cher nourricier des loups : hache

 

Flèches de la mer : harengs

 

Dragon des cadavres : lance

 

Serpent du bouclier : lance

 

Epée de la bouche : langue

 

Rame de la bouche : langue

 

Rosée du chagrin : larmes

 

Siège du faucon : main

 

Pays des anneaux d’or : main

 

Arbre des corbeaux : mort

 

Avoine des aigles : mort

 

Blé des loups : mort

 

Faucon du rivage : navire

 

Renne des rois de la mer : navire

 

Etalon de la vague : navire

 

Charrue de la mer : navire

 

Feu de la mer : or

Quand les Dieux rendirent visite à Aegir, celui-ci les reçut dans sa maison qui se trouve en pleine mer et les éclaira avec des plaques d’or qui donnaient autant de lumière que les épées dans le Walhalla. Depuis lors, on appelle l’or le feu de la mer.

 

Lit du serpent : or

 

Bronze des discordes : or

 

Repos des lances : paix

 

Demeure du souffle : poitrine

 

Vaisseau du cœur : poitrine

 

Fondement de l’âme : poitrine

 

Siège des éclats de rire : poitrine

 

Arbre des loups : potence

 

Cheval de bois : potence

 

Maître des anneaux : roi

 

Dispensateur des trésors : roi

 

Distributeur des épées : roi

 

Ruisseau des loups : sang

 

Marée du massacre : sang

 

Rosée de la mort : sang

 

Sueur de la guerre : sang

 

Bière des corbeaux : sang

 

Eau de l’épée : sang

 

Vague de l’épée : sang

 

Sœur de la lune : soleil

 

Feu de l’air : soleil

 

Rosée noire du foyer : suie

 

Seigneur des enclos : taureau

 

Mer des animaux : terre

 

Support des tempêtes : mer

 

Cheval de la brume : terre

 

Pieu du heaume : tête

 

Pic des épaules : tête

 

Donjon du corps : tête

 

Forge du chant : tête du scalde

 

Cygne sanglant : tête du scalde

 

Coq des morts : vautour

 

Frère du feu : vent

 

Dommage des bois : vent

 

Loup des cordages : vent

 

Pierres du visage : yeux

 

Lunes du front : yeux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans:Lexique |on 21 décembre, 2013 |2 Commentaires »

Préambule

Kenningar est le pluriel du mot Kenning. Il s’agit d’une figure de style propre à la poésie germano-scandinave du moyen-âge. Elle consiste à remplacer un mot par une périphrase à valeur métaphorique.

Au-delà de son premier aspect qui est celui de la poésie, le Kenning se révèle être un véritable trésor.

Les formules qui nous sont parvenues révèlent de la part des locuteurs une connaissance inestimable des mythes européens préchrétiens. Si c’est en Scandinavie qu’ils ont perduré, il semble que cette élocution ait été répandue chez les peuples de tradition orale comme les Celtes et les Germains. Nous démontrerons en effet que les kenningar étaient un flambeau de connaissance spirituelle qui se transmettait d’initié à initié.

C’est dans cette logique de transmission que j’ai entrepris la création de ce blog. Cette richesse culturelle méritait d’être diffusée.

Publié dans:Non classé |on 21 décembre, 2013 |Pas de commentaires »

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